mercredi 23 mars 2016

Méditation pour le Mercredi Saint



La crucifixion du Christ (Le Tintoret)





LE MERCREDI SAINT


Jour de patience


PRATIQUE

Ne perdez point aujourd'hui la présence de Jésus souffrant. Ne vous appliquez pas seulement aux outrages et aux douleurs excessives qu'il endure, mais à la douceur et à la patience héroïque qu'il pratique en souffrant. Gémissez sur vos impatiences passées, qui vous ont ravi tout le mérite de vos souffrances. Ne vous plaignez de rien, et faites souvent des actes de soumission, d'acquiescement, de conformité à la volonté de Dieu. C'est ainsi que vous acquerrez la patience, et que vous mériterez la couronne éternelle.


MÉDITATION

Il nous a paru un objet de mépris, le dernier des hommes, un homme de douleur, qui sait ce que c'est que de souffrir. Isaïe, 53.


1er Point. Rien n'est plus fort pour nous engager à la patience que l'exemple d'un Dieu sauveur. Nous l'avons vu, dit Isaïe, sans beauté et sans éclat : il nous a paru un objet de mépris, un homme de douleur. En effet, il a souffert la soif, la faim ; il a pleuré ; il a soupiré ; il a été outragé et couvert de plaies et de meurtrissures ; et il a enduré avec une patience héroïque toutes ces douleurs. Comparez à présent avec confusion ce que vous souffrez avec les douleurs de ce Dieu souffrant, et la manière dont il souffre avec la vôtre. Vous ne voyez en lui que douceur, patience au milieu des plus cruels supplices, et en vous, que plaintes, murmures, impatiences, quoique vos douleurs ne soient rien en comparaison des siennes, et quoiqu'il soit innocent et que vous soyez pécheur. Gémissez d'être si peu conforme à ce divin modèle, qui n'a souffert que pour nous délivrer de la mort et de l'enfer, et pour nous donner en sa personne un exemple de patience. 


Il a été mené à la mort comme une brebis qu'on va égorger, et il n'ouvrit pas la bouche, comme un agneau devant celui qui le tond
.


2e Point.
Cet agneau si doux, si patient, s'est laissé ôter son sang, sa vie sans se plaindre, lui qui pouvait exterminer ses juges et ses bourreaux ; car cet agneau était en même temps le lion de la tribu de Juda, qui a dépouillé les puissances du péché, de la mort et de l'enfer. Cependant il souffre et il garde le silence ; et c'est par son invincible patience qu'il a vaincu tous ses ennemis, et qu'il a appris aux martyrs à vaincre les tyrans et à surmonter les supplices de la mort même. Vous serez trahis, dit Jésus-Christ à ses apôtres, livrés et haïs de tout le monde ; mais c'est par la patience que vous posséderez vos âmes (Luc. 21).
La patience vous conduira à toutes les vertus ; ce qui faisait dire à l'apôtre saint Jacques que la patience était une œuvre parfaite. On y trouve, en effet, la justice, l'obéissance, la force, l'humilité et le sacrifice. La justice est une vraie satisfaction pour les péchés ; l'obéissance endure ce que Dieu vous ordonne, et soumet l'esprit et le corps à la peine ; la force surmonte généreusement la douleur ; l'humilité se soumet à la peine qu'elle croit mériter ; le sacrifice sacrifie au Seigneur le plaisir ; rien n'étant plus agréable à Dieu, dit le prophète, que le sacrifice d'un cœur brisé de douleur (Ps 50).


SENTIMENTS

Vous êtes ma patience, ô mon Dieu, s'écriait le roi-prophète : vous l'avez pratiquée d'une manière héroïque ; vous vous êtes laissé flageller, couronner d'épines et attacher à la croix sans ouvrir la bouche ; quand je suis exposé à la douleur, je n'ai qu'à lever les yeux vers le calvaire, et à suivre l'exemple de patience que vous m'avez montré sur cette montagne sanglante ; Seigneur, vous en êtes encore le motif, le terme et la récompense. Ainsi je veux souffrir sans me plaindre pour l'amour de vous seul. Soutenez ma faiblesse, animez mon courage, fixez mon inconstance, et donnez-moi la force de soutenir avec patience les mépris, les humiliations et les souffrances de la vie, et faites que je mérite la couronne promise à ceux qui souffrent pour votre amour.


SENTENCES

La patience vous est nécessaire, afin que, faisant la volonté de Dieu, vous puissiez obtenir les biens qui vous sont promis (Heb. 10).

C'est la patience qui terrasse les ennemis ; elle en triomphe avec gloire, et met la couronne sur la tète du vainqueur (Div. Aug. I. 3. p. 4).



RÉFLEXIONS


Jésus dit : Tout est consommé.


Jésus ayant goûté l'horrible breuvage que les Juifs lui avaient présenté, comme le dernier outrage qu'ils voulaient faire à son humanité sainte, refusa de le boire, et dit : Tout est consommé. Admirable parole, qui renferme une infinité de sens mystérieux qui nous instruisent et nous engagent à aimer ce divin libérateur, et à souffrir avec persévérance jusqu'au dernier moment de notre vie, avec une patience héroïque qui soit une parfaite imitation de la sienne.
Tout est consommé. Ah ! Seigneur, achevez et consommez mon salut ; c'est votre ouvrage, et il est digne de vous. Votre passion, toute consommée qu'elle est de votre part, ne m'ouvrira pas le ciel, si je ne porte votre image, et si je ne participe à vos douleurs, pour mériter l'application de vos souffrances et de votre mort : semblable à l'apôtre, il faut garder la foi dans sa pureté, la soutenir par de bonnes œuvres, et consommer sa course ; mais on ne peut le faire sans le secours de votre grâce. Ô mon Sauveur, c'est votre passion, votre sang et votre mort qui me l'ont méritée ; faites-la sortir de vos plaies sacrées, cette grâce victorieuse, cette grâce de force, cette grâce de persévérance chrétienne et de persévérance finale, cette grâce de consommation, pour me donner la force de combattre et de vaincre les ennemis qui s'opposent à mon salut et qui voudraient me disputer la couronne de justice que je ne puis mériter que par votre grâce.


PRIÈRE

Regardez-nous, Seigneur, d'un œil de bonté dans les maux continuels qui nous accablent. Nos plus grandes misères sont les péchés que nous avons commis ; nous pleurons et demandons miséricorde, ô Dieu de bonté. Mais si nos gémissements et nos larmes sont trop faibles, nous vous présentons les gémissements, les larmes et le sang de Jésus-Christ, votre adorable fils ; nous vous présentons son agonie, sa sueur de sang, sa mort et sa patience héroïque ; c'est ainsi que nous espérons en votre miséricorde.






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